Le FC Nantes maintient son projet de musée malgré l’arrêt du nouveau stade, auquel il était intégré. Philippe Laurent, le directeur du service au sein du club, l’a réaffirmé et annoncé une ouverture à l’échéance 2022-2023.
Plus de nouveau stade, plus de musée ? « C’est un raccourci, a déploré Philippe Laurent, le directeur du service musée du FC Nantes. Notre projet a existé avant le nouveau stade, il continuera après. » La mise au point était nécessaire. Elle intervient après une communication de l’association A la Nantaise, qui présentera un contre-projet le 15 mai prochain.
Saint-Étienne et Lyon, des modèles à suivre
Le FC Nantes, lui, a réaffirmé sa volonté de faire aboutir un projet initié en septembre 2015. Et d’en assumer la maîtrise d’ouvrage, comme l’ont fait Saint-Étienne et Lyon, les deux seuls clubs français à disposer d’un tel outil, mais aussi la plupart des clubs étrangers. « On peut s’identifier au club, mais ne pas se l’accaparer, a prévenu Philippe Laurent. Ce projet appartient au club, qui appartient à tout le monde. »
Depuis la création d’un service dédié, il y a près de quatre ans, le FC Nantes a réalisé un important travail d’inventaire et de collectage. C’était la première étape avant de pouvoir restituer son histoire et la mettre en scène. Et comme pour la plupart des clubs de l’Hexagone, le service s’est retrouvé en face « d’une catastrophe ». « Les clubs n’ont pas cette culture de préserver et de conserver », a souligné Philippe Laurent.
Maillots, trophées ou documents : rien n’était archivé.
Le service musée a commencé par identifier ses collections, les sourcer et les dater. Pour ce travail de fourmi, il a créé un comité de pilotage réunissant des anciens journalistes et des membres des archives départementale ou municipale. Depuis 18 mois, avec le recrutement d’Anne Seignot-Renouard, une muséographe, il a mis en place une méthode scientifique pour stocker et conditionner les multiples pièces à sa disposition.
Aujourd'hui, le FCN a numérisé 2 000 photos, sauvegardé 800 vidéos, archivé 50 000 articles de presse, recueilli 2 000 documents et retrouvé 300 objets. « Nous avons appliqué la méthode des Musées de France, détaille Philippe Laurent, qui a aussi fait appel à une entreprise pour disposer d’un outil de gestion des collections.
On a aussi modélisé des trophées , comme si on pouvait les toucher. Aucun objet n’est ringard car ils participent tous à une belle histoire. »
Cette dernière devrait s’incarner dans un lieu à l’échéance 2022-2023. C’est le temps nécessaire, selon le FCN, pour faire coordonner les collections désormais disponibles avec la future thématique, consacrée à la formation, et choisie pour raconter les différentes périodes du club depuis sa création sous les bombes en 1943. « C’est le fil rouge et l’ADN du club. »
Dix-huit mois après ce travail, le FC Nantes pourra alors fait appel à un scénographe pour « réécrire l’histoire et la restituer dans un lieu moderne et innovant, immersif et participatif. » A mi-chemin entre le musée vintage de Saint-Étienne et celui ultra-technologique de l’Olympique lyonnais. Dix-huit mois de réflexion et de travaux seront alors nécessaires.
Cette période doit aussi permettre au club de définir son mode de fonctionnement et un modèle économique d’un site qui ambitionne une moyenne de 45 000 visiteurs par an. « Le stade reste l’endroit le plus adapté pour l’accueillir », a fléché Philippe Laurent. Le club devra acter un site définitif d’ici la fin 2021. D’ici là, le service musée entend profiter de cette période pour « être plus visible et audible ».
Il envisage des expositions temporaires des documents collectés, mais aussi un renforcement de l’ancrage du projet dans le territoire. « Le Voyage à Nantes à sa ligne jaune, on réfléchit à une ligne verte pour suivre les lieux emblématiques des Canaris, de Procé à Saupin, en passant par la Beaujoire ou la Jonelière. »