Le directeur du centre de formation des Canaris Samuel Fenillat évoque tous les aspects de la reprise qui va s’étaler du 22 juin au 13 juillet, de la réserve aux U16.Pensez-vous avoir perdu du temps en termes de recrutement durant le confinement ?- Non. On avait bien avancé. Il ne restait qu’à acter la venue de Babacar Leye (ex-Châteaubriant). Sinon, tout le recrutement était bouclé, chez les plus jeunes comme en préformation. On n’avait pas besoin de faire de stage. Hormis pour la réserve, sur cette période-là, en général, tout est déjà bien calé.
Là, cette année, il n’y avait aucun cas en suspens. La donne fut plus difficile pour les joueurs qui n’ont pas été gardés et qui doivent rebondir ailleurs. [...]
Le plus frustrant fut de n’avoir pas pu aller au bout de cette saison parce que nous étions bien engagés en U19, en U17 et en Gambardella.
Pouvez-vous nous parler des cinq jeunes que vous avez fait signer pro depuis le 2 juin ?- Ce ne sont pas des joueurs en avance, ce sont des profils qui sont dans le registre de Léo Dubois ou Valentin Rongier. Ils ont le bon état d’esprit. Avec un peu de temps et de maturité acquis au sein de la réserve, ils peuvent faire valoir leur intelligence, leur compréhension du jeu et leur manière d’être. Ils apprennent et comprennent en permanence.
Avez-vous programmé la reprise des différents groupes ?-Oui. Nous nous sommes appuyés sur les dates de reprise de championnat fixées par la Fédération française de football.
La réserve (National 2), dont le championnat reprendra le 22 août, reviendra à la Jonelière le 22 juin.
Nous aiderons ceux qui entrent en appartement à s’installer.
La première semaine sera consacrée à la réalisation de tous les examens liés au Covid-19 et à une reprise plus classique pour savoir s’ils sont aptes (tests PCR, prises de sang, tests ECG, tests physiques…).
Cela concernera les 2000, 2001 et 2002. Avec Anthony Walongwa et Billal Chibani pour les encadrer.
Les U17 et U18, qui formeront le groupe de Gambardella pour la saison 2020-2021 reprendront le 6 juillet.
Quant aux plus jeunes, les U16, qui entrent au centre de formation, ils attaqueront la semaine suivante. Mais l’internat du centre de formation, lui, ne rouvrira ses portes qu’à partir du 6 juillet.
Vous avez donc fait le choix de la jeunesse pour la réserve…- On a fait plus de tri cette année. En termes de maturité, on sera peut-être un peu plus juste. On a pris deux joueurs de moins de l’extérieur et on n’a pas gardé un ou deux joueurs de plus que les années précédentes.
On doit tenir compte des descentes du groupe pro.
Entre les prêts qui vont aboutir ou pas, ceux que le coach Gourcuff ne va pas garder… On doit se garder une marge aussi.
Par exemple, Wesley Moustache (latéral gauche) va repartir avec la réserve. Un prêt est à l’étude mais cela va-t-il se concrétiser ?
Les joueurs expérimentés sont intéressants pour encadrer les plus jeunes, mais quand ils sont là, il est difficile de ne pas les faire jouer. Ils prennent donc la place de jeunes. Et il y a la compétition dans laquelle on a toujours envie de bien figurer, même s’il y a une démarche club à tenir. Il faut trouver le bon équilibre. Comme en pro, il fallait laisser de la place naturellement. C’est le signe d’un groupe bien constitué.
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Quels seront les enjeux de cette reprise atypique ?- Cette phase de reprise ne sera pas simple. Les joueurs sortent de trois mois d’arrêt d’entraînement et de compétition. Même s’ils s’entretiennent, ils ne jouent pas au foot. Il va y avoir des risques de fonte musculaire, de voir les tendons pas sollicités s’étirer, surtout dans la période à laquelle on va reprendre, avec des terrains secs et plus durs. Il va falloir redoubler de vigilance à tous les niveaux. Il va donc falloir y aller très progressivement, une fois les bilans effectués. L’objectif sera que tous restent sur le terrain sans se blesser.
Le temps est perdu, alors, la meilleure solution pour le récupérer est de ne pas en perdre à nouveau en voulant aller trop vite ou trop fort. Il ne faut surtout pas que la préparation soit coupée. La charge doit être augmentée de manière linéaire pour qu’ils aient retrouvé le rythme à la fin de la préparation.
Comment se servir de ce break pour le rendre un peu positif ?- On se repose mentalement et physiquement. Ils vont avoir régénéré leur organisme et leur mental. Parfois, après une blessure de deux ou trois mois, certains joueurs reviennent plus forts parce qu’ils ont coupé et pu se régénérer parce qu’à un moment donné il y a parfois des usures. Le manque qu’ils ont dû ressentir va aussi être un levier.
Canaliser l’envie sera aussi déterminant ?- Oui. Il va falloir freiner les joueurs et les coaches. Après quelques jours, beaucoup vont avoir envie de refaire un peu d’opposition. L’avantage est d’avoir un staff étoffé pour bien être à l’écoute des joueurs, être attentifs à leur ressenti pour bien adapter les charges d’autant que certains vont avoir pris en taille ou avoir changé de morphologie. Il faudra étudier les données chiffrées, les analyses concrètes et observer les attitudes, parfois révélatrices.
On va également s’intéresser davantage encore, chaque jour, à la qualité de leur sommeil, leur humeur. Il va aussi y avoir des bilans psychologiques pour voir comment chacun se situe.
En fonction des catégories, certains joueurs peuvent-ils avoir perdu sur le plan technique ?- Non. L’important est de remettre le corps en route et de se reconnecter avec les autres. Sur l’ensemble des 70 joueurs, il ne va y avoir que 6 ou 7 nouveaux.
Pour se connecter, pour bien travailler, il faut être prêt mentalement et physiquement. Un travail physique qui doit rapidement intégrer le ballon, même si ce n’est pas du jeu. Ce travail vise aussi à retrouver des gestes de footballeurs : blocages, changements de direction, de rythme. Il y a aussi une donnée musculaire dans les frappes, les accélérations, qu’il faudra appréhender. Cela est indispensable pour retrouver des attitudes et des sensations de joueur de foot. Ces aspects à haute intensité, quand il y a le ballon, le jeu et la concentration, puisent de l’énergie. Il faut retrouver la forme la plus naturelle de jeu en passant par des paliers.
Ouest France