L’envol des canaries
Depuis la création de l’équipe senior en 2014, les féminines du FC Nantes vivent une ascension fulgurante.
Malgré un léger accroc en D2 cette saison, ses dirigeants ambitionnent rapidement une montée dans l’élite.
Zoom sur l’un des projets les plus ambitieux de l’Hexagone.
Huit années se sont écoulées depuis que les jeunes U11 ont disputé le premier match de l’histoire de la section féminine du FC Nantes.
Leur victoire 7-1 en ouverture de bal était déjà annonciatrice d’un projet ô combien ambitieux.
Le 18 août 2014, les seniors de la Maison jaune remportaient haut la main leur première rencontre officielle en Coupe de France (11-0). Une date qui marquera le préambule d’une progression constante débutée à l’échelon départemental, poursuivie au niveau régional puis national, depuis l’accession en D2 l’été dernier.
« Ça fait huit ans que je suis ici, j’ai connu le club quand on était tout en bas et on va peut-être aller tout en haut… » Leïla Peneau
C’est en Régional 2 que le coach actuel Tanguy Fetiveau a pris les rênes de l’équipe.
Débarqué à l’été 2017, l’ex-formateur de Montpellier et de Lyon n’a pas traîné à apporter satisfaction, en enchaînant deux montées consécutives.
Quatrième du groupe A de D2 cette saison, Claire Guillard et ses coéquipières ont légèrement marqué le pas. Pour l’internationale U19 Leïla Peneau, il a manqué « de régularité et d’expérience, beaucoup de joueuses découvrant ce niveau. » Une année de transition et d’adaptation avant une montée en D1 l’été prochain, c’est l’objectif fixé par les dirigeants. Président de l’Association du FCN, Jacky Soulard regarde vers le haut : « On a créé une équipe qui a gravi tous les échelons d’années en années. Maintenant, on essaie de faire tout ce qu’il faut pour accéder à notre objectif de D1 » affirme celui qui travaille au club depuis 22 ans. Il est aussitôt rejoint par la jeune bleuette. « Ça fait huit ans que je suis ici, j’ai connu le club quand on était tout en bas et on va peut-être aller tout en haut… C’est un rêve de pouvoir être avec son club formateur et pouvoir monter jusqu’au plus haut échelon national. » La milieu de terrain de 18 ans, au coeur du projet de formation du FC Nantes peut sereinement y poursuivre son apprentissage du haut niveau.
Formation et expérience pour rejoindre la D1
Historiquement reconnu comme “club formateur”, le FC Nantes veut faire de même avec les féminines. « C’est le cheval de bataille du club, Nantes a la fibre de la formation, on essaie de faire comme pour les garçons. Je pense qu’on est sur la bonne voie » s’enchante Jacky Soulard tout heureux de pouvoir attirer de nombreuses jeunes à fort potentiel. Il faut dire que les U19 viennent d’accéder à l’échelon National et que tout est mis en place pour les attirer. Une école privée a vu le jour en 2018 pour accueillir une vingtaine de jeunes joueuses au sein même de la Jonelière. Celles qui doivent faire le futur du FC Nantes bénéficient d’horaires aménagés et de la structure du centre d’entraînement. « C’est un vrai plus quand les parents réflechissent où ils mettent leurs enfants » poursuit le Président de l’Association.
Si la formation est un point clé du projet, celui-ci ne peut s’appuyer que sur les jeunes, d’après le technicien Tanguy Fetiveau. « On a envie de voir notre jeunesse là haut, d’être un club formateur. Mais ce n’est pas évident, on doit monter, on a des exigences, il nous faut aussi des profils aguerris. C’est pas facile de monter en D2 et de dominer un championnat de D2 avec que des jeunes » C’est pour cette raison que des joueuses expérimentées comme Marine Pervier (26 ans, ex-capitaine de Guingamp), Claire Guillard et ses 126 en D2 et D1 sont venues renforcer l’effectif tout comme Anaïs Messager venue de Lorient et Mélodie Carré de Brest.
Pour la saison prochaine, le club a déjà annoncé la signature de l’internationale tricolore Charlotte Lorgeré, capable de jouer défenseure centrale ou latérale. « On doit avoir l’équipe la plus compétitive à court terme, mais à long terme, on est bien sur la projection de devenir un club formateur » assure le technicien.
Un projet de club à l’initiative du Président Kita
En quelques années, la section féminine du FC Nantes s’est professionnalisée à grande vitesse pour se donner les moyens de réussir. Depuis son arrivée, Tanguy Fetiveau observe des changements à tous les niveaux. « Partir d’une équipe de R2 qui s’entraîne deux fois avec des joueuses amatrices, des entraînements à 20h et arriver l’an prochain à avoir des joueuses sous contrats, des entraînements à 10h, des staffs techniques et médicaux élargis, une formation qui atteint le niveau national, c’est superbe. Tout évolue, c’est la force de ce projet. On ne s’est pas intéressés qu’à un aspect, on a essayé de tout faire monter petit à petit » se félicite celui qui est professeur d’EPS en dehors de ses activités de coach.
« Aujourd’hui, la professionnalisation
d’un club comme le nôtre, c’est la volonté et la vision d’un homme. » Tanguy Fetiveau
La disponibilité et les compétences du staff mis à disposition n’ont pas échappé à Leïla Peneau qui a remarqué une nette évolution ces dernières années. « Quand on est blessées, on peut envoyer un message au staff, ils nous prennent n’importe quand, ce n’est pas offert à tous les clubs. Nos coachs sont toujours au centre d’entraînement. On a aussi un analyste vidéo pour nous. Après les matchs, on a direct un débrief » détaille celle qui a partagé sa formation entre le pôle espoir de Rennes et le FC Nantes. Accompagné d’un adjoint, d’un entraîneur des gardiennes, d’un préparateur physique, d’un médecin, d’un kiné, d’un ostéopathe, Tanguy Fetiveau peut compter sur un staff qui n’a rien à envier à celui d’une équipe de D1.
« Aujourd’hui, la professionnalisation d’un club comme le nôtre, c’est la volonté et la vision d’un homme. Le Président y croit et nous donne la possibilité de réussir. Il a cette vision depuis le départ, le parcours lui donne raison mais il y a encore une marche à franchir » commente le technicien qui vise la montée pour construire un modèle économique viable.
Monter en D1 pour poursuivre cette professionnalisation
La société anonyme sportive professionnelle (SASP) du FC Nantes dépense sans compter pour sa section féminine, dont le budget est proche d’une équipe de D1.
Si les retombés financières pointent le bout de leur nez en D1 – notamment grâce au travaill de l’AFPF – il n’en est rien pour la D2. « Financièrement, le football féminin c’est un investissement à perte, il faut aller le plus vite possible vers la D1 où là, il y aura quelques ressources intéressantes qui nous permettront de continuer notre développement dans de bonnes conditions » confirme Jacky Soulard. Car mis à part quelques sponsors de l’équipe masculine venus aider les féminines, les ressources sont quasi inexistantes. La D2 n’est pas diffusée, il n’y a donc pas de droits TV. D’où la volonté commune de gravir rapidement la dernière marche vers l’élite. « Il y a l’envie de ne pas végéter dans l’entre deux, on veut franchir le cap. Une joueuse comme Charlotte Lorgeré qui était aux portes de l’équipe de France avant sa blessure, n’est pas là pour rester en D2 » enchaîne à son tour Tanguy Fetiveau, avant de conclure : « On n’a pas envie de monter pour jouer les maintiens, dans plusieurs années, on espère voir Nantes là haut. » Face au manque de place à la Jonelière et pour se donner les moyens de ses ambitions, la section féminine devrait bientôt déménager et avoir son propre centre d’entraînement. Bientôt le nouveau chapitre d’une histoire qui ne fait que débuter.
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